VICTIME.

Le mot est tombé. Un jeudi matin, chez le médecin. Je n’étais pas préparée.

J’étais venue la voir dans l’idée de lui demander son avis, souhaitant commencer une psychothérapie. Je tournais autour du pot et puis j’ai lâché le morceau : « J’aimerais aller voir un psy, je ne sais pas trop quel genre… et puis il y a tellement de choix… ».

Non je ne vais pas particulièrement mal et non pas d’évènement douloureux en ce moment. Mais j’ai eu une enfance disons, … mouvementée, et je n’ai jamais vu de psy. Je lui ai brièvement parlé de mes deux parents bipolaires, de l’abandon, des violences psychologiques et physiques,… sans être capable de retenir mes larmes, moi qui pensais pouvoir le faire. Minimiser mes propos et ces souffrances, comme je le fais toujours.

« Le mieux pour vous serait d’aller consulter dans un centre de victimologie, spécialisé dans les psycho-traumas. »

La violence de ce mot. V-I-C-T-I-M-E.

S’il y a bien un adjectif par lequel je refuse de me définir, c’est celui-là. C’est comme s’il annulait tous les autres. Comme s’il me rendait moins indépendante, moins forte, moins drôle.

Et pourtant. Peut-être que l’acceptation de ce qualificatif j’en ai besoin. Peut-être qu’il me permettra d’être plus indulgente envers moi et les autres. En l’acceptant et le regardant en face, alors peut-être que je m’accorderai cette part de vulnérabilité que je me refuse aujourd’hui et depuis toujours, et la protection des autres que je balaye d’un revers de la main…

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